Si la commune a une histoire riche et ancienne, elle possède également un patrimoine monumental remarquable : église Saint-Vaast, plusieurs châteaux….

Fouquières...une Histoire ancienne

            Fouquières s’écrivait autrefois « Fuscariae » réunion de deux mots fuscae (sombres) et ariae (pluriel) de aria pour demeure.

            Comme le territoire de la commune était recouvert de bois, on peut penser que c’était très sombre.

D’autres pensent que Fouquières viendrait de foscarias de filix fougere en passant par filigaria .Ce n’est pas précisément le sens de lieu où il ne pousse que la fougère mais en général  il signifie plutôt terrains pleins de broussailles.

            Ce n’est qu’en 1229 que Fouquières apparaît pour la première fois orthographié comme maintenant.           

Les recherches sur les localités du diocèse d'Arras ont permis de retrouver trace de la paroisse de Fouquières au XIème siècle. En 1098, Lambert de Guînes, Évêque d'Arras dédie à Saint-Vaast l'autel de Fouquières.

            Dans une charte de 1110, ce même évêque, cite Fouquières en tant que « Parochaim nostram » ce qui veut dire  notre paroisse. Pour avoir l’honneur de cette mention, il va sans dire que Fouquieres devait avoir sa place bien marquée dans le diocèse d’Arras.

        Cela prouve que son origine remonte au moins à cette époque.

Un village meurtri au 14ème siècle

            Le village de Fouquieres comme tous ceux qui dépendaient de l’ancienne avouerie de Béthune fut brulé et saccagé par les flamands en 1346.

            En effet, Béthune résista en 1346 car le roi anglais Edouard III débarqua en Normandie et alla à la rencontre de ses alliés flamands qui eux, envahirent l’Artois et dans la nuit du 15 aout, la belle résistance de la ville, pendant 21 jours et devant plus de 70 000 flamands, empêcha la jonction entre les deux.

            La charte du 27 octobre 1346   Eudes IV, duc  de Bourgogne  et Jeanne de France autorisent la construction d’un beffroi (avec droit de cloche et de prison) qui sera en bois, pour récompenser les béthunois de leur ténacité car la ville résista aux assauts de 70 000 flamands en août de la même année.

Pendant la guerre de 100 ans, le village fut aussi saccagé par les Anglais mais c’est surtout lors des sièges de 1645 et 1710 qu’il a subit de nombreux dégâts vu sa proximité de Béthune.

Des vues rares du village

            Durant ces siècles, nous avons peu de vues du village, les seules sont tirées des albums de Croy (1605-1611) qui sont des albums couvrant le Comté d’Artois (région dont le duc de Croÿ a été gouverneur et capitaine général à partir de 1597).


Une église, témoin de l'histoire du village

             En effet, le 26 novembre 1765, l'ancienne église du village est interdite par Monseigneur de Bonneguise évêque d'Arras, pour cause de « défectuosité, indécence et irrégularité » (notes de Monsieur Béghin curé de Fouquières).

            Dans le procès-verbal, il était notifié que l’église n’avait pas de clocher mais une simple lunette sur le pignon sans couverture de sorte que les cloches et les cordes sont exposées au temps.

            En effet cinq ans auparavant en 1760, les paroissiens devait prendre une décision pour sa reconstruction. Mais l’argent manquait pour l’ensemble des travaux. »surtout dans le temps présent ou la misère est grande à Fouquières qu’à peine les habitants et paroissiens du lieu-dit ont-ils de quoi s’acquitter les charges publiques et se procurer à eux  et à leurs familles la subsistance, qui leur est nécessaire, que dans cette circonstance, ils seraient dans l’impossibilité d’entreprendre de pareils travaux si le seigneur de Fouquières , qui se trouve présent à cette assemblée, n’avait la charité de les soulager et de gratifier la dite église ».

            Le seigneur du village M Doresmieulx permit aux paroissiens ou aux entrepreneurs de prendre les briques dans sa briqueterie nécessaires et le bois de chêne dans son château .Il fut question aussi de la vente de deux cloches et des arbres de l’ancien cimetière du prieuré et de se faire rembourser une fois que tous les autres frais seront acquittés. Mais ceci fut refusé et ce sont finalement les chanoines et religieux de St Bertin qui feront les avances pour bâtir l’église qui sera commune à St Pry et au village lui-même. 

La première pierre fut posée en 1767 .


Les Doresmieulx, une famille qui a marqué l'Histoire du village

            La famille Doresmieulx avait pour armes : « A trois roses de gueule posées deux en chef une en pointe et une tête de Maure en cœur tortillée d'argent » le tout surmonté d'une couronne de marquis et ayant pour support deux sauvages armés de massue. La tête de Maure portée dans leurs armes aurait été accordée « en mémoire de ce qu'ils avaient chassé des environs d'Oresmieux les Mores Sarrazins nommés Turlupins ».

            Le blason choisi  en 1998 par le village de Fouquières s'inspire de celui de la famille Doresmieulx.

L’histoire de la famille d’Oresmieulx est ancienne. Elle épouse l'histoire du village.

Le 16 septembre 1700, la seigneurie de Fouquières est vendue par le marquis de Saluces-Bernemicourt à Edouard-Jacques Doresmieulx.

Le fief d'Oresmieulx était situé aux confins de l'Artois sur les communes actuelles de Wicres, Herlies, Illies et Marquillies.

Il relevait de l'abbaye Saint-Vaast d'Arras.

Les Doresmieulx exercèrent des fonctions de clerc, notaire, procureur, bailli, religieux et militaires.
Le fils d'Edouard-Jacques, Jacques-François Doresmieulx, (1699-1755), épouse (1720) Marie-Thérèse-Françoise Gaillard et s'installe Saint-Omer. Il est choisi deux fois pour député de la noblesse à la cour du Roi. Le vieux logis seigneurial de Fouquières devait alors être utilisé à des fins agricoles.
Jacques-Alexandre Doresmieulx, l'aîné de ses quatre fils, reprend la seigneurie de Fouquières et s'associe à la reconstruction de l'église paroissiale, décidée en 1760 mais réalisée seulement en 1767.

Alexandre-Constant Doresmieulx (Saint-Omer, 25 juillet 1738-1827), chevalier (1751), reprend la seigneurie de Fouquières.

Il partage son temps entre sa terre de Fouquières qu'il s'emploie à agrandir.

Il est élu maire de Fouquières en 1790.

En 1811, il rénove le château de Fouquières, sur une rive de la Blanche.

Les Doresmieulx ont récupéré une certaine somme, avec la loi de 1825 dite du Milliard des Emigrés, pour les biens qui avaient été vendus comme Bien national sous la Révolution. Parmi les biens confisqués, le château de Fouquières, avec ses 4 mesures de jardins.

Alexandre-Constant Doresmieulx meurt à Saint-Omer en 1827 .

Son fils Augustin-Louis Doresmieulx hérite alors du château et y entreprend des travaux d'ampleur.

Le château accueillit ensuite Charles-Alexandre qui poursuit les travaux entrepris par son père.

Leur fils aîné René-Alexandre (1845-1944), maire de Fouquières pendant près de cinquante ans, époux de Marie-Armandine-Mathilde de Romanet de Beaume, fut le dernier de Doresmieulx de Fouquières.

Un village marqué par ses châteaux...L'exemple du château à mouches

            Une demeure de Fouquières est appelée « Château à mouches ». Avant la Révolution, elle appartenait aux Jésuites de Béthune puis aux Oratoriens , qui en avaient fait leur maison de campagne. C’était l’ancienne maison du gouverneur de Béthune attribué aux chanoines de la collégiale de St Barthelemy en 1728.Cette demeure prend le nom de « catiau à mouques « pour certains pour la forme de son clocheton, mais pour d’autres car  il y avait  une construction qui abritait plusieurs ruches d'abeilles superposées.

A l'origine, le Château aux Mouches appartenait au domaine de Ruitz, propriétaire de Pierre Ignace le Ricque.

Le 18 décembre 1879, la vicomtesse Lericque de Rocourt, restée sans descendance après la mort de son fils et de ses deux petit fils lègue son domaine au marquis d'Oresmieulx de Fouquières. Dans le but de conserver le souvenir de sa famille et en mémoire de ses enfants, Madame de Rocourt pose comme condition à Monsieur Doresmieulx de fonder un orphelinat de garçon. A la mort de cette dernière en 1880, ce dernier propose le domaine à une œuvre religieuse et en 1890 il cède le château de Ruitz à la société Saint Gabriel qui doit créer à Ruitz un orphelinat de garçons dirigé par les Pères Salésiens (du nom de Saint François de Sales) de Saint Jean Bosco.

Le domaine de Ruitz est alors exproprié par la concession des Mines de Bruay. Avec l'argent de l'expropriation, c'est le château à Mouches, à Fouquières qui est racheté en 1899. Celui-ci reçoit d'abord des Religieuses Salésiennes qui y fondent un ouvroir de jeunes filles.

Pendant la guerre de 1914-1918, le château sert d'abord d'hôtel avant d'être réquisitionné par les Anglais. A la fin de la guerre, Monsieur d'Oresmieulx utilise cette bâtisse pour reloger des familles. En 1920, Mademoiselle d'Oresmieulx conçoit le projet de fonder un Carmel. Monsieur d'Oresmieulx propose le château à Mouches bien qu’il soit délabré et endommagé par la guerre.

Le carmel

             En 1922, les 7 premiers Carmélites s'installent. Mais pour servir de carmel provisoire.

            Le 6 février 1922 : trois sœurs de Saint Omer arrivaient visiter les lieux...Et le 30 août de la même année, les 7 premières carmélites arrivaient au Carmel. Parmi elles, Mère Marie Ange et Sœur Marie du Sacré Cœur (sa sœur) furent les piliers de cette fondation.

L’ensemble était constitué de 23 cellules , d’un réfectoire, d’une cuisine, d’une laverie et il fut béni par monseigneur d’Arras en 1927. L’agrandissement du  carmel est achevé en 1957.


Le château ferme et le château de Bretagne, deux monuments emblématiques du village

            Le château-ferme de Fouquières est ainsi dénommé  pour le distinguer des autres « châteaux » de la commune (châteaux  d’Oresmieux, détruit puis reconstruit au 19 siècle, château à mouches, détruit lui aussi- sur le site du Carmel-, château des Bretagne, sur l’avenue des Anciens combattants).

            Le château-ferme est donc à la fois un petit château et une grande ferme.

Sa construction s’est échelonnée de 1570 – pigeonnier et écurie adjacente - à1626- le portail d’entrée et la grange attenante-,1814 pour la partie habitation actuelle et enfin  début du 20ème siècle pour le logement du personnel.

            Il est ainsi un témoin harmonieux de l’architecture de ces différentes époques s’articulant autour d’une cour fermée, comme il était d’usage dans notre région.

            Il y avait là, pour l’exploitation, pigeonnier, écurie, étables, grange complétés par une « zone vie » : partie habitation datant de la fin de l’époque napoléonienne, four à pain, potager.  

            L’ensemble, témoin de notre histoire locale, est protégé au titre des Monuments historiques par le Ministère de la Culture depuis 1983.

            Une protection en forme de reconnaissance pour la commune tout entière.

Sources :

Ce texte est extrait de la conférence donnée par Denis Lamorille sur l'histoire du village, le samedi 18 septembre 2021 dans le cadre des Journées du patrimoine.

La partie sur le château ferme a été rédigée par Xavier de La Gorce.